04/03/2016

Trois romans de Michel Houellebecq




















Trois livres de Houellebecq me sont passés entre les mains : La carte et le territoire alors que j’étais lycéen, Extension du domaine de la lutte cette année et tout dernièrement Les particules élémentaires. A chaque fois, j’en suis ressorti, un goût amer en bouche et un malaise en tête.


 Lecture âpre



Ouvrir un livre de Houellebecq, c’est s’attendre à entrer dans un monde aride dans lequel l’émotion et sa simplicité n’a pas de prise. Un monde aux murs froids et aux horizons obstrués dans lequel on découvre des personnages prisonniers de leurs soliloques intérieurs et d’une empathie ne prenant que pour voie la raison. Ils réfléchissent indéfiniment, avec la violence froide des mathématiques ou de la sociologie, observant le monde qui les entoure comme des observateurs neutres, vidés par trop de vie en société. Ils en tireront des œuvres, des logiciels ou des conclusions douteuses et plus qu’ambiguës mais finiront toujours par retrouver leur solitude fondamentale, cette solitude sans issue qui est celle de Houellebecq lui-même.

Car le style Houellebecq c’est cette même ligne de fond : des paragraphes et vers sur le mode démonstratif, l’étalage douteux morbide et parfois méticuleux de l’autre auquel on n comprend finalement rien, ces dialogues que l’on entend dits par des acteurs berssoniens, absents et pourtant toujours bien vivants, et ces aphorismes aussi durs que concrets qui nous bercent doucement vers  ce cauchemar dont l’étrange familiarité nous frappe violemment.


Réveil douloureux



Partant de là, comment prendre le discours critique qui transpire de tous les textes de Houellebecq? Tous ces personnages auxquels Houellebecq dicte leurs lignes s’opposent au monde moderne, refusent, parfois en l’acceptant avec fatalité, ce que la société légitime. Mais ils ne luttent pas. Ils laissent pourrir les choses d’une opposition passive au culte de la productivité et de la sexualité jusqu’à une xénophobie détestable et mal dissimulée.


Et pourtant, sans prendre le tout, en refusant l’émanation nauséabonde d’une partie de ses discours  se perdant le vide du roman, on peut trouver quelque chose à retirer. L’idée d’un individu qui dans une société qui se fait le chancre de la vie privée, se voit oppressé jusque dans sa sexualité. L’idée d’une domination partout et exercée par tous sur tous. L’idée enfin d’un capitalisme qui n’est pas seulement un moyen de production mais une organisation de la vie sociale génératrice de malaise et de relégation. Car si les personnages se perdent en paroles inutiles et parfois idiotes au possible, c’est plus par claustrophobie que par un trop plein espace à librement combler.

V. D.

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