Trois livres de Houellebecq me sont passés entre les mains : La carte et le territoire alors que j’étais lycéen, Extension du domaine de la lutte cette année et tout dernièrement Les particules élémentaires. A chaque fois, j’en suis ressorti, un goût amer en bouche et un malaise en tête.
Lecture âpre
Ouvrir un livre de Houellebecq,
c’est s’attendre à entrer dans un monde aride dans lequel l’émotion et sa
simplicité n’a pas de prise. Un monde aux murs froids et aux horizons obstrués
dans lequel on découvre des personnages prisonniers de leurs soliloques intérieurs
et d’une empathie ne prenant que pour voie la raison. Ils réfléchissent
indéfiniment, avec la violence froide des mathématiques ou de la sociologie,
observant le monde qui les entoure comme des observateurs neutres, vidés par
trop de vie en société. Ils en tireront des œuvres, des logiciels ou des
conclusions douteuses et plus qu’ambiguës mais finiront toujours par retrouver
leur solitude fondamentale, cette solitude sans issue qui est celle de Houellebecq
lui-même.
Car le style Houellebecq
c’est cette même ligne de fond : des paragraphes et vers sur le mode
démonstratif, l’étalage douteux morbide et parfois méticuleux de l’autre auquel
on n comprend finalement rien, ces dialogues que l’on entend dits par des
acteurs berssoniens, absents et pourtant toujours bien vivants, et ces
aphorismes aussi durs que concrets qui nous bercent doucement vers ce cauchemar dont l’étrange familiarité nous
frappe violemment.
Réveil douloureux
Partant de là, comment
prendre le discours critique qui transpire de tous les textes de Houellebecq? Tous
ces personnages auxquels Houellebecq dicte leurs lignes s’opposent au monde
moderne, refusent, parfois en l’acceptant avec fatalité, ce que la société
légitime. Mais ils ne luttent pas. Ils laissent pourrir les choses d’une opposition
passive au culte de la productivité et de la sexualité jusqu’à une xénophobie détestable
et mal dissimulée.
Et pourtant, sans
prendre le tout, en refusant l’émanation nauséabonde d’une partie de ses
discours se perdant le vide du roman, on
peut trouver quelque chose à retirer. L’idée d’un individu qui dans une société
qui se fait le chancre de la vie privée, se voit oppressé jusque dans sa
sexualité. L’idée d’une domination partout et exercée par tous sur tous. L’idée
enfin d’un capitalisme qui n’est pas seulement un moyen de production mais une
organisation de la vie sociale génératrice de malaise et de relégation. Car si
les personnages se perdent en paroles inutiles et parfois idiotes au possible, c’est
plus par claustrophobie que par un trop plein
espace à librement combler.
V. D.
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