17/03/2016

Le cinéma d'horreur est un genre intérieur.






























Le cinéma d’horreur est un genre intérieur. Les giclures d’hémoglobine de Dario Argento ou les déformations monstrueuses de Cronenberg ne sont que les stigmates sur la pellicule de nos tensions intérieures.  A l’image d’un volume subissant une différence de pression, la carcasse se déforme, se  gonfle, s’étire jusqu'à l’implosion et le couteau qui viendra la transpercer. Alors se dévoile la chair dans sa nudité, la prégnance de l’organe et la pesanteur de la peau. Devant nous le mal se dévoile, enfin, et complètement nu.

Car c’est là où il réside et c’est là où il faut aller le saisir. Ce qu’exorcisent ces films se trouve en nous et les productions très cathos/très ricaines qui montrent ce mal comme une force extérieure dont il faudrait à tout moment se défendre m’ont toujours semblé très artificieuses pour ne pas dire sans intérêt. Michael Myres et le reflet de sa  lame ne m’ont jamais ébloui ou ravi de terreur et les films de Romero n’ont jamais eu pour moi qu’un intérêt simplement politique. La peur viscérale, celle qui vient des tripes qui à l’écran sont évidées, je ne l’ai finalement jamais sentie que dans les chefs-d’œuvre des maîtres italien et canadien.

Au lieu de nous plonger un couteau dans le ventre, de me faire sursauter de frayeur ou écarquiller les yeux d’horreur, ils ont plongé ma propre main armée dans mon ventre ouvert, à l’image du héros de Videodrome. Ils ont joué sur le refoulé, le parricide et l’œdipe dans Rouge profond d’Argento et dans La mouche ils ont foulé au pied nos fantasmes de puissance et la peur de la mort et de la décomposition qu’ils impliquent et qui toujours nous rattrape. Que ça soit dans l’hyper esthétisation de Suspiria ou le surgissement du fantasme dans le réel et l’écran de Videodrome, encore une fois, c’est toujours le reflet du héros  dans la flaque de sang qui m’effraiera plus que son rouge sanglant.

Le mal n’est pas une essence qui rode comme un fantôme, mais une moisissure qui pourrit à l’intérieur. Et c’est seulement en sachant cela que le frisson horrifique peut devenir une pétoche métaphysique.




 V. D.

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