Alors que nous suivions les tribulations du shérif Kevin Garvey
à travers les deux premières saisons de The
Leftovers, chaque épisode ou micro événement se voyait rituellement rythmé
par une salve de «Hein ? Mais… Pourquoi ? Pourquoi ? »,
scandée à l’unisson. Et ce « hein ? Mais… Pourquoi ? », C’est
là surement le signe de la réussite de ce projet.
De J. J. Abraham...
Contrairement à des « séries paravents » qui comme
Lost fondent leur piquant sur l’idée d’une
explication finale et totale à une série d’événements plus ou moins absurdes
faisant eux-mêmes obstruction avec cette explication, The Leftovers ne tombe pas
dans cet écueil voué à ne créer de final et de total que la déception des
spectateurs de la série. Car si The Leftovers
nous plonge dans l’inconnu, les
brumes et les mirages mystiques suivant la disparation soudaine et inexplicable
de deux pourcent de la population mondiale, c’est uniquement parce que le but
final est bien de nous confronter à cette incompréhension vécue par les personnages
eux-mêmes.
Nous somme dans le cirage du début à la fin mais c’est alors
autant que les personnages qui ont vu leurs proches disparaître et cherchent
(comme nous) à trouver une explication, un sens ou juste un prétexte à ces événements.
Des dérives sectaires, au refus en bloc de se confronter aux faits, en passant
par la folie, chaque personnage se fait alors exemple d’un syndrome du
survivant collectif poussant à la violence contre soi et les autres. Et la
force de cette expérience qui parait démesurée et aberrante c’est de s’attacher
à quelque chose d’universellement vécu : le deuil, son incompréhension et
l’incapacité d’accepter l’idée d’une fin et d’une disparition.
...à Sigmund Freud
Et face à cela la déroute ne peut d’abord qu’être totale. La
famille Garvey se voit séparée entre une mère endoctrinée par la secte des Guilty
Remnant, un père incapable de gérer la situation au point de sombrer dans une
folie bordée de mysticisme, un fils parti suivre un gourou spécialiste du câlin
et une fille à la violente adolescente contenue et décuplée. La saison 1 finit
alors sur un espoir de reconstruction réduit en cendre par une saison 2 qui
n’est autre que celle du refoulement, les personnages embarquant pour une
petite ville du Texas épargnée par la catastrophe, mais dont la violence comme
face à tout refoulement ressurgira par des voies détournées et plus perverses encore.
Les personnages s’enfoncent alors dans le brouillard
jusqu’au dernier épisode et jusqu’à une fin de saison dans laquelle on peut voir une petite lueur
d’espérance. L’espoir d’une acceptation fondée sur la famille enfin réunie (on
reste dans une série ricaine), mais aussi sur un mystère vécu au quotidien qui
n’est pas que celui de la mort et de la disparition mais aussi celui de la
naissance et de la vie qu’incarne Mary Jamison et sa maternité quasi miraculeuse.
V. D.
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