Un autre moyen
d’appréhender l’histoire de la Guerre Froide, et une nouvelle bonne excuse pour
passer des heures à ne rien faire (ça fonctionne), la série The Americans de FX est vintage,
rafraîchissante, même si un peu stressante. Elle raconte l’histoire de deux
agents soviétiques du KGB sous couverture aux Etats-Unis au début des années
1980. Elizabeth et Philip Jennings n’existent pas vraiment ; c’est une
identité qu’ils ont adoptée pour passer inaperçu et voler des informations au
gouvernement américain, qu’ils transmettent ensuite à leur pays pour que la
guerre silencieuse continue.
Avec deux enfants, Paige et Henry, qui
ne savent rien de cette réelle identité, garder le secret s’avère encore plus
difficile. Elizabeth et Philip mènent une double vie, entre la maison, leur
supposé travail en tant qu’agents de voyage, et leurs nombreuses missions plus
ou moins dangereuses que leur gouvernement leur demande d’accomplir. La série
commence avec l’emménagement d’un agent du FBI, Stan Beeman, en face de chez
eux, et il devient un peu plus difficile de jouer le jeu et de ne pas se faire
repérer. Mais les russes, bien entraînés, ne se font pas avoir et malgré les
premiers doutes de Beeman, une vraie « amitié » semble se développer.
J’admets qu’il est possible de
trouver cette histoire farfelue, mais elle est basée sur des faits réels et qui
ne se sont pas arrêtés à la fin de la Guerre Froide : le programme des
Illégaux du KGB a atteint son apogée aux Etats-Unis en 2010. Et la Guerre était
loin d’être terminée (que l’on croit). Certes, l’histoire est romancée, mais on
peut tout de même comprendre les enjeux des déguisements, des missions, des
mensonges. Si les américains sont connus pour être (un peu trop) patriotes, les
russes ne le sont pas moins, mais dans un sens un peu plus profond et bien plus
sérieux. Se battre pour la cause, jusqu’à en mourir, voilà ce à quoi les agents
du KGB hyper-entraînés se préparent.
Je ne pourrais pas assez recommander cette série. Elle est d’un sérieux qui
dépasse l’entendement, et on ne peut qu’admirer l’agilité des
« américains » à se construire une vie de rien, à en vivre plusieurs
à la fois pour ne pas compromettre leur identité, à admirer leur agilité physique
et mentale également, car rien ne leur échappe.
L’ignorance des enfants toutefois, fait un peu de peine à voir : ils
pensent que leurs parents sont toujours en train de travailler et ne les aiment
pas, et ne comprennent pas pourquoi ils sont ainsi abandonnés chaque soir sous
prétexte qu’ils doivent retourner au bureau, alors que réellement leurs parents
protègent une chose qui leur est chère, et encore plus que leurs enfants, la cause.
La force de l’idéologie est impressionnante, que ce soit du côté russe ou
américain. Il ne faut jamais se relâcher, jamais cesser d’avoir peur et d’être
méfiant, car au moindre relâchement, tout peut être terminé, et les opérations
compromises, ainsi que leur identité et leur famille. Keri Russell et Matthew
Rhys, qui jouent Elizabeth et Philip, sont particulièrement surprenants et
justes dans leurs rôles et ne cessent de m’étonner à chaque rebondissement. Ça
donnerait presque envie de se prendre des coups pour défendre son pays (ou de
voir d’autres gens se prendre des coups pour défendre leur pays, dans le
confort de son canapé).
A.
H.