02/05/2016

A la recherche de l'identité: Persépolis


  

Je n’aime pas les BD. Les comics. Peu importe le nom que cela prend. J’ai lu les Schtroumpfs, certes, et c’était fort amusant. Mais c’est tout. J’ai toujours préféré les romans, même pour les histoires les plus simples. Une bande dessinée ne se prend pas au sérieux, et ça ne peut pas être assez riche pour me satisfaire. Quand on préfère lire Zola, l’absence de toute réflexion et de longs paragraphes est plutôt angoissante. Mais voilà, c’est (presque) forcée que j’ai dû ouvrir celle-ci, Persépolis. Ecrite entre 2000 et 2003 par Marjane Satrapi, elle retrace une histoire supposée autobiographique de l’auteure, son enfance en Iran puis son exil en Autriche, et enfin son retour au pays natal.

Comme au fond de moi je suis un peu réactionnaire et que je pense que la littérature doit s’écrire et non se dessiner, la forme m’a déplu, même si pour des raisons plutôt profondes elle fait sens. Je dois dire que je suis légèrement déçue, car cette histoire aurait pu être développée et approfondie. Toutefois, elle m’a touchée.

La petite Marji grandit lors de la Révolution Islamique, dans un pays centré sur la religion et l’oppression. Elle reçoit une éducation française, libérée de tout précepte islamique. Lorsque tout change, elle doit sacrifier son identité et son apparence pour correspondre à des standards établis par l’état. Mais même voilée, Marjane ne cache pas son admiration et son amour de la culture de masse américaine et ses idoles. La violence augmente, et ses parents décident de l’envoyer en Autriche, là où elle pourra être saine et sauve. Là-bas, Marjane découvre un autre monde, une autre culture, et essaye de se forger une identité en imitant les autres et en se conformant à ce qu’elle voit, même si ce n’est pas toujours le même chemin à prendre. Elle se drogue, fume, se « libéralise », mais elle se demande finalement si elle sait très bien qui elle est. Etre en exil, sans sa famille, se retrouver dans un entre-deux culturel et politique, est-ce finalement bien bon pour se découvrir soi-même ? Surtout que pour Marjane, cette recherche d'identité s'effectue à deux niveaux: elle cherche à découvrir à quelle culture elle appartient, mais aussi quelle sorte de femme elle est et veut être. 

Même si je ne suis personne de juger de cette question parce que je n’ai jamais vécu dans de telles circonstances, je répondrais toutefois qu’il est complexe de se construire lorsqu’on vit dans des environnements si contradictoires. Alors qu’on ne sait même pas où se trouve notre foyer, comment savoir qui on est réellement ? Marjane cherche son identité mais ne la trouve pas tout de suite, la construction prend du temps et est douloureuse.

La lecture de cette bande dessinée me laisse perplexe. J’ai vraiment apprécié l’histoire et le message qu’elle transporte, mais je suis déçue de ne pas avoir obtenu plus de cette lecture. Toutefois, je suis finalement plutôt contente d’être sortie de mes habitudes et d’avoir essayé quelque chose de nouveau et qui, malgré ses « défauts », m’a énormément émue !


A.     H. 

2 commentaires:

  1. Telle mère, telle fille! Tu décris tout ce que j'avais ressentie, et pas su exprimer à la lecture de cette bande dessinée!

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